Témoignage

Un soir de printemps, en l’an 1999…

 

Sur toutes les horloges, à 21h55, l’heure s’afficha, puis soudain, comme par enchantement, le temps s’arrêta. Quelques secondes s’écoulèrent, et dans le silence de la nuit, un cri se fit entendre dans les longs couloirs de l’hôpital.

 

L’univers venait d’envoyer sur cette Terre un petit être humain, un enfant de lumière, porteur d’une destinée grande et mystérieuse.

 

Ce petit être devait grandir dans les souffrances profondes de son âme. Car d’un grand pouvoir naît une grande responsabilité.

 

Lorsqu’il quitta la maternité, il rentra chez lui, accompagné de l’amour de sa famille. Mais chacune de ses nuits fut marquée par des terreurs nocturnes, des cris, des pleurs. C’était comme s’il subissait des attaques invisibles, une douleur profonde qu’il ne pouvait exprimer. Son père, perdu dans l’incompréhension de ce qui se passait et rongé par une colère dévorante, réveillait son enfant chaque nuit, le secouant, lui hurlant dessus, sans jamais savoir que cela nourrissait un désespoir grandissant en lui.

 

Un jour, alors qu’il n’avait qu’un an, un éveil de conscience survint en lui, comme une étincelle allumée dans l’obscurité. Accroché à la jambe de sa mère, il leva les yeux, et dans un moment de terreur et d’impuissance, il vit son père étrangler la femme qui l’avait donné naissance. Ce fut un choc profond, un sentiment d’incompréhension marquant et irréversible.

 

Grandissant dans l’ombre de la colère et de l’injustice, ce petit d’homme, malgré tout, porta en lui une sensibilité infinie, un désir profond de faire le bien. Il ressentait une bienveillance pure, un amour profond pour les autres, mais ses relations avec le monde extérieur étaient teintées de confusion. Pourquoi la souffrance existait-elle ? Pourquoi le mal ? Pourquoi les autres humains ne pouvaient-ils voir les choses comme lui ? Chaque instant était une épreuve, un défi, et il se sentait constamment en danger, malgré sa gentillesse infinie.

 

Les personnes entraient dans sa vie, profitaient de sa pureté, de son innocence, et le trahissaient sans qu’il ne s’en rende compte. Même lorsqu’il en prenait conscience, il souffrait en silence, sans jamais oser en parler.

 

À la maison, la situation se dégradait de jour en jour. La violence de son père envers sa mère, l’acharnement qu’il subissait, tout cela le brisait. Dehors, il subissait également des trahisons et des attaques verbales. Mais à l’extérieur, il se sentait plus libre, plus léger. Le monde extérieur lui paraissait plus tolérable que l’enfer domestique.

 

Au fil du temps, son esprit se scinda, pris entre le bien et le mal, incapable de trouver son équilibre. Ses émotions étaient si intenses qu’il passait d’un extrême à l’autre. L’être de lumière qu’il avait été devint imprévisible, moins pur, marquée par l’obscurité.

 

Petit à petit, l’obscurité l’enlaça, douce et envahissante. Il se laissa guider par les plaisirs éphémères de ce monde tout en portant en lui des principes et des valeurs qui semblaient lointains. Ses nuits devinrent des errances sans fin dans les méandres de ses propres contradictions.

 

Il se sentait si triste, si perdu. C’était insupportable, mais ce qui était encore plus difficile à vivre, c’est qu’il en était pleinement conscient. Il se sentait inutile, sali. À ses yeux, une simple pierre jetée dans l’eau avait plus de valeur que lui-même.

 

Il vivait la vie des autres, comme un fantôme. Il souriait dans le miroir pour masquer sa tristesse, espérant qu’aucune trace ne transparaîtrait, jusqu’au moindre détail.

 

Puis, un jour, à l’aube de sa 25e année, il leva les yeux vers le ciel, les larmes aux yeux, et se demanda, tout simplement : "Pourquoi ? Pourquoi cela m’arrive-t-il ? Qu’ai-je fait ?"

 

C’est là qu’il entendit les murmures de l’univers.

 

Discrètes, cachées dans le silence de la nuit, ces paroles résonnèrent dans son âme, lui révélant une vérité oubliée. Son parcours avait un sens. Son évolution commençait à prendre un autre tournant.

 

Les larmes commencèrent à se transformer en sourire. La tristesse se mua en compréhension. Et la compréhension se transforma en but, en voie vers la guérison.

 

L’univers l’accompagna, et l’accompagne encore aujourd’hui.

 

"Tu ne souffres pas parce que tu le mérites. Tu souffres parce que tu dois comprendre ce qui se cache derrière la souffrance. Tu dois comprendre ce que les autres ressentent. Ne juge pas, ressens."

 

Pour savoir comment guérir, tu dois d’abord savoir ce que c’est que d’être malade.

 

Ce petit d’homme, c’est moi.